Paris, le 5 juillet 2021
Madame la Ministre, chère Sophie Cluzel,
Merci pour vos propos si chaleureux.
Pour vous répondre, je commencerai par vous avouer la conclusion à laquelle vous avez échappé tout à l’heure à la fin de mon propos sur l’autonomie et l’autodétermination au CIH.
J’ai pensé conclure en citant la phrase du Duc de La Rochefoucauld le soir du 14 juillet 1789, qui s’adressant à Louis XVI, qui tentait de se rassurer en minimisant les événements de cette célèbre journée : « Non, Sire, c’est une Révolution ».
Je crois sincèrement que l’autodétermination des personnes en situation de handicap, prise comme principe général d’action est une véritable révolution.
Mais cela n’est pas encore notre paradigme dominant. Soyons patients !
Vous le savez, j’ai l’air très gentil comme cela, inoffensif.
Mais en mon for intérieur, je bous.
Et mon livre, écrit avec Sophie Jacolin, « Rage d’exister », porte bien son titre.
En m’aidant à m’exprimer à travers ce livre, Sophie a provoqué un séisme régénérateur à l’intérieur de moi-même.
Vous en voyez les conséquences : pour le meilleur et pour le pire !
Vous savez que j’affectionne particulièrement « Le Cancre » de Jacques Prévert :
« Soudain le fou rire le prend
Et il efface tout
Les chiffres et les mots
Les dates et les noms
Les phrases et les pièges
Et malgré les menaces du maître
Sous les huées des enfants prodiges
Avec les craies de toutes les couleurs
Sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur »
Je conçois mon rôle comme étant capable de fonctionner à contre-courant, si nécessaire, quand je crois à une cause juste et utile.
Oui, il faut quelquefois renverser les tables…
Très gentiment, très pacifiquement, mais très fermement…..
Je voudrais particulièrement vous remercier de me donner l’occasion de m’exprimer depuis quelques temps.
Je suis très fier d’appartenir au CNCPH et d’y côtoyer des personnes formidables qui m’apprennent beaucoup.
Beaucoup sont présentes aujourd’hui, je tiens à les en remercier très vivement et très chaleureusement.
Ma nomination à la présidence du nouveau Conseil pour les questions sémantiques, sociologiques et éthiques m’a surprise.
C’est un honneur et un bonheur formidables de travailler avec une telle assemblée.
Cela me donne des ailes.
Attendez-vous au pire !
Mes copains qui sont nombreux le savent, j’aime les idées, mais surtout les rencontres, quitte à aller au bout du monde pour mieux les vivre.
Pour être avec les copines et les copains, je suis prêt à tout.
J’ai besoin de leur amitié de façon viscérale.
Merci à eux du fond du cœur !
Avant de conclure, je voudrais avoir une pensée très forte, très aimante pour mes parents et ma sœur Marion.
Sans leur affection et leur soutien je ne serai pas là.
Je pense aussi beaucoup à mes grands-parents qui sont partis maintenant
J’ai eu la chance de bénéficier de leur confiance sans limites.
C’est le bien le plus précieux.
Je pense bien sûr à mon neveu Alexandre, dont je suis très fier et qui incarnera et vivra, je le souhaite, cette génération que j’appelle Vestiaires, qui ose tout, dans l’alliance des personnes en situation de handicap et des personnes dites valides !
Je veux aussi saluer toutes celles et tous ceux qui sont là ce soir ou qui de près ou de loin me soutiennent.
Je veux leur dire que je suis toujours sensible à leurs signes d’amitié qui me nourrissent intensément.
Merci encore, chère Sophie Cluzel, d’avoir permis cette cérémonie.
J’ai su dès notre première rencontre que nous nous comprendrons toujours sur l’essentiel.
Je souhaite très vivement continuer avec vous longtemps cette belle action.